13/06/22 : VAGUE DE CHALEUR
13 juin 2022 à 15h43 par Caroline Delattre
Des températures de 35 à 40°C attendues dès mercredi sur l'Hexagone, "un record de précocité", selon un prévisionniste de Météo France.
De fortes chaleurs sont déjà observées dans le sud de la France et en Espagne. Elles devraient gagner l'ensemble de l'Hexagone de mercredi à samedi. Franceinfo a interrogé Patrick Galois, prévisionniste de Météo France.
Des températures particulièrement élevées pour une mi-juin. Si le thermomètre s'est déjà affolé à Perpignan (Pyrénées-Orientales) samedi 11 juin, atteignant un record pour la période selon le quotidien L'Indépendant, il devrait également s'emballer sur l'ensemble de l'Hexagone à partir de mercredi, avec des températures dépassant les 35°C sur une partie du pays.
"Un record de précocité", selon Patrick Galois, prévisionniste à Météo France, interrogé par franceinfo. Les précédents records, qui datent de 2005 et 2017, avaient été enregistrés à partir du 18 juin. La multiplication et l'intensification des vagues de chaleur et canicules sont les manifestations les plus évidentes du réchauffement climatique provoqué par les activités humaines.
Quelles sont vos prévisions concernant les fortes chaleurs attendues la semaine prochaine ?
Patrick Galois : Il fait déjà très chaud dans le Sud, où les 35°C ont été dépassés dans l'arrière-pays méditerranéen. Ces fortes chaleurs persisteront dans la moitié sud jusqu'à lundi ou mardi, avec des températures qui dépasseront les 30°C, voire localement les 35°C, dans la vallée du Rhône et l'arrière-pays provençal.
C'est à partir de mercredi que la chaleur va s'intensifier, en gagnant du terrain vers le nord. Ce sera une journée de transition, où il va commencer à faire très chaud dans le sud du pays. On atteindra plus facilement les 35°C, voire on les dépassera dans le Sud-Ouest et la vallée du Rhône jusqu'au Lyonnais, avec des pointes possibles à 38°C ou 39°C. Au nord, les 30°C devraient être atteints de la Bretagne à l'Alsace en passant par l'Ile-de-France, avec des températures pouvant être plus élevées localement.
L'épisode de chaleur sera particulièrement intense entre jeudi et samedi dans le sud du pays. Puis il gagnera la moitié nord à partir de vendredi et l'est du pays dans la journée de samedi.
En quoi cet épisode est-il plus précoce que ceux observés précédemment ?
En général, on observe ces fortes chaleurs en juillet et en août. Elles sont beaucoup plus rares en juin, et quand c'est le cas, elles surviennent dans la dernière décade du mois. Donc s'il est confirmé, cet épisode sera un record de précocité puisque ceux observés précédemment dataient du 18 juin (en 2005 et 2017).
Ces fortes chaleurs résultent-elles des mêmes phénomènes que ceux observés actuellement dans le sud de la France et en Espagne ?
Oui. Il y a deux phénomènes à l'œuvre. Tout d'abord, une dorsale anticyclonique qui est située en ce moment même au niveau de la péninsule ibérique et qui va s'étendre dans le sud de la France. C'est une sorte de masse d'air chaud qui comprime l'air vers le sol et favorise la montée des températures.
Il va également y avoir une "pompe à chaleur" en marge d'une dépression actuellement située du côté des Açores. Cette dernière va se rapprocher du Portugal et favoriser le déplacement de cette bulle d'air chaud, qui est concentrée sur le sud de l'Europe actuellement, vers le nord de la France à partir de jeudi.
Doit-on craindre un épisode de canicule ?
Les vagues de chaleur pourront se traduire localement par des canicules, notamment dans les grandes villes, où il n'y a pas de refroidissement aussi important la nuit que dans les campagnes. C'est d'ailleurs ce qui permet de définir les épisodes de canicule, quand les températures sont élevées en journée mais ne descendent pas suffisamment la nuit pour permettre aux organismes de récupérer. Des alertes canicule pourraient donc être déclenchées dans certains départements.
Cet épisode va durer trois ou quatre jours, mais il ne devrait pas s'inscrire dans la durée. Les fortes chaleurs de la semaine prochaine devraient être suivies d'une baisse assez nette des températures, soit en toute fin de semaine, soit en début de semaine suivante.
Est-ce que cela signifie qu'il devrait y avoir des orages, comme ce fut le cas à la fin mai et début juin ?
Il y aura sans doute une séquence orageuse, avant la baisse des températures, qu'il faudra préciser entre dimanche et lundi. Mais il est encore trop tôt pour être plus précis.
Est-ce que cet épisode de fortes chaleurs présage d'un été particulièrement chaud ?
Statistiquement, il n'existe pas de lien entre le temps observé au printemps et l'été qui suit. Par exemple, le printemps 2011, qui était le printemps le plus chaud jamais observé, n'a pas été suivi d'un été remarquablement chaud.
Ce qu'on peut dire en revanche, c'est que les prévisions saisonnières font état d'une probabilité d'avoir un été plus chaud que la normale dans le sud de la France. Mais cela n'a pas forcément de lien direct ou de cause à effet avec les températures relevées au printemps.