16/05/23 : Festival de Cannes : le Jury

Publié : 16 mai 2023 à 10h59 par Caroline Delattre

16/05/23 : Festival de Cannes : le Jury

Crédit : 16/05/23 : Festival de Cannes : le Jury

Ils auront la lourde tâche de décerner la Palme d'or à l'un des 21 films déjà annoncés en compétition. Le Festival de Cannes a révélé aujourd'hui la composition du Jury de l'édition 2023. Cinq hommes et quatre femmes, acteurs, réalisateurs, écrivains ou scénaristes. Pendant deux semaines, il vont se côtoyer dans les salles obscures de la Croisette et faire leur choix. Petit tour d'horizon. 


Ruben Östlund, président du jury


Primé l’an dernier à Cannes, le Suédois Ruben Östlund se voit propulsé président du jury du plus célèbre festival de cinéma au monde. Réalisateur de six longs métrages, le natif de Göteborg en Suède est l’un des enfants chéris de la Croisette, puisqu’il a remporté deux fois la Palme d’or, la première en 2017 pour The Square et la seconde l’an dernier pour "Sans Filtre". Son cinéma, souvent emprunt d’humour, est une succession d’examens sociologiques et de questionnements sur l’humanité. Il devient le troisième cinéaste doublement palmé à devenir président du Jury après Francis Ford Coppola et Emir Kusturica.  


Julia Ducournau


Julia Ducournau, réalisatrice française, a remporté la Palme d'or au Festival de Cannes en 2021 pour son film Titane, porté par Agathe Rousselle et Vincent LindonLa Française Julia Doucournau est l’une des quatre femmes à siéger dans le jury du Festival. Avec son film "Titane", porté par Vincent Lindon et Agathe Rousselle, elle décroche la Palme d’or en 2021. Cette diplomée de la Fémis, célèbre école de cinéma parisienne, connaît une ascension fulgurante à partir de 2016, année où elle réalise son premier film, "Grave". Encensée par la critique, Julia Ducournau s’est vite imposée comme l’une des figures incontournables du cinéma français. Engagée pour l’égalité des genres dans le 7e art, elle est membre du collectif 50/50.


Brie Larson


L'actrice américaine Brie Larson lors de la 92e cérémonie de Oscars à Los Angeles. Elle fait partie du Jury de l'édition 2023 du Festival de Cannes. (AMY SUSSMAN / GETTY IMAGES NORTH AMERICA)C’est une artiste aux multiples facettes qui intègre le jury du Festival. Actrice, réalisatrice, chanteuse… Brie Larson sait tout faire. Après plusieurs années à enchaîner les seconds rôles dans des séries télévisées, l’Américaine se révèle en 2013 dans le film "States of Grace" de Destin Daniel Cretton. Elle est également connue pour ses performances dans l’univers "Marvel", puisqu’elle interprète la super-héroine Carol Danvers depuis 2019. Très engagée dans la lutte contre le harcèlement et le sexisme dans le cinéma, elle fait partie des 300 personnalités de Hollywood à avoir créé le mouvement Time’s Up en 2019.


Maryam Touzani


Le cinéma de Maryam Touzani est intimement politique et met la lumière sur des enjeux de société d’ordinaire invisibles. Cette ancienne journaliste marocaine, devenue scénariste puis réalisatrice s’est faite remarquer en 2019 avec son premier long-métrage, Adam. Le film raconte l'amitié entre une veuve et une jeune femme enceinte dans "la Médina de Casablanca", l’occasion d’aborder la condition des femmes au Maroc. Acclamé par la critique, Adam emmène Maryam Touzani jusqu’à Cannes, où elle est sélectionnée dans la section "Un Certain Regard". Elle a retrouvé la Croisette l’an dernier avec "Le Bleu de Caftan", un film qui traite de l’homosexualité au Maroc.


Denis Ménochet


L'acteur français Denis Ménochet lors de la présentation du film As Bestas lors de la 75e édition du Festival de Cannes. Il revient en 2023 en tant que membre du Jury. (VALERY HACHE / AFP) C’est à la télévision que Denis Ménochet commence sa carrière, en faisant notamment des apparitions dans la célèbre série "Caméra Café". On lui offre de petits rôles au cinéma, dans "Inglorious Bastards" de Quentin Tarantino," La Rafle" de Roselyne Bosch ou encore "Les Adoptés" de Mélanie Laurent. Mais c’est ces dernières années que le Français explose au cinéma, notamment avec son rôle dans "Jusqu’à la garde", réalisé par Xavier Legrand, où il partage l’affiche avec Léa Drucker et pour lequel il est nommé au César du meilleur acteur. Le natif d’Enghein-les-Bains est aussi l’un des acteurs fétiches de François Ozon, avec qui il collabore notamment dans "Grâce à Dieu" ou encore "Peter von Kant". Véritable acteur protéiforme, il enchaîne les drames, les comédies et les blockbusters.


Atiq Rahimi


Lauréat du prix Goncourt en 2008 pour son roman Syngué Sabour. Pierre de patience, Atiq Rahimi est un écrivain et réalisateur franco-afghan. Après avoir fui le régime des talibans en 1984, il demande l’asile politique en France et suit un doctorat en audiovisuel à la Sorbonne. Son premier documentaire, "Terres et Cendres", adapté de son roman sur la guerre d’Afghanistan, lui vaut d’être présenté dans la section "Un Certain Regard" au Festival de Cannes en 2004. Il revient au cinéma en 2013 pour l’adaptation de son roman primé par l’académie Goncourt.


Damián Szifrón


Damián Szifrón est un habitué du Festival de Cannes. Ce scénariste et réalisateur argentin était en compétition pour la Palme d’or en 2014 pour son film Les Nouveaux sauvages, également nommé pour l’Oscar du meilleur film en langue étrangère. Après une longue pause, il a écrit et réalisé son premier film en anglais cette année, "Misanthrope", récit de la traque d’un tueur de masse aux Etats-Unis. Véritable surdoué du cinéma argentin, il a également été scénariste pour plusieurs séries télévisées.


Paul Dano


L'acteur américain Paul Dano lors de la 95e cérémonie de Oscars à Los Angeles. Il a été choisi comme membre du Jury du Festival de Cannes pour l'édition 2023. (MICHAEL TRAN / AFP).Il est l’une des figures emblématiques du cinéma américain. Paul Dano, révélé au début des années 2000 par le film "Long Island Expressway", enchaîne les films à succès outre-Atlantique. Il incarne notamment l’ado silencieux dans la comédie Little Miss Sunshine, long-métrage devenu culte. Avec son visage mystérieux, il partage régulièrement l’affiche avec des légendes d’Hollywood : Robert de Niro, Harisson Ford, Michael Caine… Récemment, Paul Dano a été choisi par Steven Spielberg pour interpréter le père du réalisateur dans "The Fabelmans", autobiographie douce-amère, aux côtés de Michelle Williams.


Rungano Nyoni


Rungano Nyoni, actrice, scénariste et réalisatrice originaire de Zambie est avant tout connue pour ses courts-métrages. Elle reçoit le prix du meilleur court-métrage au Festival du film de Tribeca. Mais c’est récemment que Rungano Nyoni se fait connaître, grâce à "Je ne suis pas une sorcière", long-métrage qui raconte l’histoire d’une petite fille accusée de sorcellerie dans un village traditionnel zambien. Le film est acclamé par la critique et reçoit de nombreuses récompenses. Sélectionnée lors de la Quinzaine des réalisateurs à Cannes en 2017, Rungano Nyoni remporte le prix du meilleur premier film lors de la cérémonie des BAFTAs en Grande-Bretagne la même année.


Festival de Cannes 2023 : qui sont les sept réalisatrices en compétition officielle ?


Jamais le Festival de Cannes n'aura sélectionné autant de réalisatrices en compétition officielle. Cette année, elles sont sept, dont trois françaises, à prétendre à la Palme d'or. L'une d'entre elles peut devenir la troisième femme à l'obtenir après Julia Ducournau en 2021.C’est un record. En 76 éditions, jamais le Festival de Cannes n’aura compté autant de femmes en compétition officielle. Cette année, elles sont sept réalisatrices à prétendre à la Palme d’or, contre 14 hommes. L’une d’entre elles deviendra peut-être la troisième femme à remporter l’un des prix les plus célèbres de l’industrie du cinéma, deux ans après la Française Julia Ducournau et 30 ans après Jane Campion.


 Les Françaises à l’honneur


 Elles sont trois Françaises en compétition officielle. Catherine Breillat d’abord, grand nom du cinéma hexagonal depuis presque 50 ans. Réalisatrice de films à succès comme Parfait amour ! ou encore Romance, elle est également passée de l’autre côté de la caméra comme actrice au début de sa carrière. Romancière avant d'être cinéaste, elle s’est aussi illustrée comme scénariste, pour Frederico Fellini ou Maurice Pialat notamment. C’est sa deuxième sélection à Cannes, où elle revient pour présenter L’été dernier, une histoire d’amour entre une femme et son beau-fils.


La réalisatrice Justine Triet viendra présenter Anatomie d’une chute, un drame policier qui raconte le procès d’une femme, accusée du meurtre de son mari. C’est la deuxième sélection officielle pour la Française, déjà prétendante à la Palme d’or en 2019 pour son film "Sibyl", très bien accueilli par la presse.


 La troisième sélection française en compétition a fait couler beaucoup d’encre. Initialement écartée en raison d’accusations de harcèlement sur le tournage de son dernier film, Catherine Corsini a été ajoutée à la liste il y a quelques jours. Cette réalisatrice est une habituée de la Croisette, puisqu’elle était membre du jury du court-métrage en 2004 et présidente du jury de la Caméra d’or en 2016. Elle revient, en compétition cette fois, avec "Le Retour", un drame avec Aissatou Diallo Sagna, Denis Podalydès et Virginie Ledoyen à l’affiche.


Catherine Corsini n’est pas la seule habituée du Festival à être sélectionnée en compétition cette année. L’Autrichienne Jessica Hausner, membre du jury en 2021, présente Club Zero, un thriller, où elle a notamment dirigé Elsa Zylberstein, Sidse Babett Knusden et Matthieu Demy. La réalisatrice italienne Alice Rohrwacher, sélectionnée pour La chimère, a elle aussi écumé les salles obscures de la Croisette. Membre du jury en 2019, elle a remporté la Grand Prix en 2014 pour "Les Merveilles" et le prix du scénario en 2018 pour "Heureux comme Lazzaro". Elle donc déjà eu ses lettres de noblesse cannoise.


 Autre étoile montante du cinéma mondial, Kaouther Ben Hania présente un documentaire, "Les Filles d’Olfa". En 2019, elle est devenue la première Tunisienne nommée pour l’Oscar du meilleur film étranger, pour L’homme qui vendait sa peau. Cette ancienne de l’Ecole des arts et du cinéma de Tunis avait déjà été sélectionnée à Cannes en 2017 dans la section "Un Certain Regard" pour son thriller "La Belle et la Meute".


Si le Festival fait la part belle à ses habituées et aux réalisatrices à la carrière déjà bien lancée, un nom détonne : Ramata-Toulaye Sy. Cette Sénégalaise est en compétition pour son premier film, Banel et Adama, dont le scénario est tiré de son travail de fin d’études à la Fémis. Avant de passer derrière la caméra, Ramata-Toulaye Sy a travaillé comme scénariste. Notamment aux côtés d’un certain Atiq Rahimi, membre du jury cette année, avec lequel elle a collaboré pour l’adaptation au cinéma du roman Notre-Dame du Nil.


Au total, le Festival de Cannes a sélectionné 19 films réalisés par des femmes, toutes sections confondues. La réalisatrice Maïwenn ouvrira d’ailleurs les hostilités, avec "Jeanne du Bary", film où elle partage l’affiche avec Johnny Depp.